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LE PRINTEMPS.

Les couleurs tendres, qui paraissent si fragiles, offrent aux arbres leur nouvelle parure. La nature renaît. Les oiseaux entamment leurs premiers chants, aussi timides que les premiers rayons du soleil tiède, et égayent mon coeur engourdi par le froid de l'hiver. Les premiers bourgeons pointent leurs nez en même temps que les crocus et les jonquilles. les forsythias sont en fleurs , et leur jaune éclatant s'allume aux premiers rayons du soleil, et s'unit au vert clair du saule pleureur. Tous les ans ce renouveau m'enchante. Je m'émerveille devant ce miracle de la nature. Mon coeur respire à nouveau, car tout semble "sauf". A chaque fois c'est la même chose, j'ai l'impression de tout voir pour la première fois. Mon admiration est sans limite. Je suis curieuse de chaque rameau, je respire, comme chez un fleuriste, ce doux parfum de fraîcheur. Les pluies fines encouragent ce renouveau à s'épanouir pleinement, et exhortent cette palette inimitable de verts, les plus étonnants les uns que les autres, égayée de taches jaunes et roses, et
qui désespère les peintres les plus expérimentés. Mon âme exulte de joie.

Et pendant une saison, j'oublie mes soucis
quotidiens. Je voudrais que cela dure toujours. Les lilas embaument l'air et réchauffent de leurs couleurs ce ciel bleu pâle qui a du mal à s'affirmer. On se dit que tout va changer, que rien ne sert de se morfondre,
que tout est permis, même l'espoir d'une autre vie... Les passereaux font la navette, sans jamais se lasser, entre les grandes herbes de la prairie et l'arbre qu'ils ont choisi
pour fabriquer leur nid, d'où bientôt des petits becs affamés lanceront leurs cris d'impatience. Les hirondelles sont enfin revenues et ornent les antennes de télé sur le toit des maisons.




L'ETE.
L'été, la nature se fait plus forte.
Chaque feuillage, chaque brin d'herbe change ses verts tendres en des teintes plus foncées. La robe légère du printemps s'est laissée recouvrir par la lourde cappe de l'été.
Les oisillons, qui ont grandi, cherchent à leur tour vermisseaux et insectes.

La chaleur de l'été me rend non chalante. Mes yeux douloureux ne peuvent plus regarder ce dieu soleil qui réchauffe mes vieux os.
Parfois, l'atmosphère se fait plus lourd, l'air devient irrespirable. Les animaux suffoquent et se taisent. Ils restent tapis dans l'ombre des fourrés et tentent de se désaltérer. Les herbes commencent à jaunir. Il leur faudrait de l'eau...
Jusqu'à ce que tout ça "craque": Un ciel noir déverse alors, sur le sol sec, des averses violentes mais bien venues.

Les pluies d'orage , impressionnantes
par leur violence, ne font que passer
mais abreuvent les plantes assoifées.
Alors l'air devient plus respirable. Les
animaux gigotent de nouveau. La
couleur des plantes se trouve dyna-
misée. Les roses et les pivoines nous
offrent un camaïeu de rouges les plus
somptueux les uns que les autres.


L'AUTOMNE.
Le temps maussade de l'automne me rend morose.
Les pluies incessantes trempent mes cheveux et glacent mes membres.


m'offre un spectacle magnifique et
inégalé jusqu'à présent. La bise
fait trembler les dernières feuilles
qui s'accrochent désespérément,
comme pour retenir ce temps qui
passe et empécher l'hiver de pren-
dre place. Mais rien n'y fait, l'hiver
arrive malgré tout.


L'HIVER.
Le ciel est plus gris que jamais. Ses nuages lourds sont chargés de neige. La température est descendue si vite que tout paraît figé... Mon visage se renfrogne de froid et de dégoût, et s'emmitoufle dans mon cache-nez. Le givre du matin égaye de mille fleurs de dentelles blanches les branches nues des arbres. Et quand un faible rayon

de soleil vient réchauffer l'atmos-
phère, cette broderie fragile s'allu
-me de mille étoiles scintillantes
avant de fondre et de dégouliner,
en faisant un clapotis sur le ma-
cadam. Cette nuit, la neige est
enfin tombée, recouvrant le sol
d'un tapis immaculé. ce matin,
en ouvrant le volet, une éclatante
lumière est entrée dans ma cuisi-
ne, et éclaira les murs au point de
me faire éteindre ma lampe.
Tous les sons semblent étouffés. Cette fois, la nature est bel et bien endormie. Les seuls bruits que j'entend sont ceux de mes pas dans la neige, qui crissent doucement en abîmant ce merveilleux et moelleux manteau blanc.

