Voici la proposition n°73 d'Écriture Ludique: Michel Faux Rêveur  nous propose une écriture sur image:

C'est une image un peu particulière qui vous est proposée cette fois-ci... Inspirez-vous en librement, quelque soit la direction où vous emmène votre imagination, elle sera la bonne.

J'ai décidé d'écrire un alexandrin, un peu long, comme toujours, mais quand je commence, je ne sais jamais m'arrêter...

Que fait cet homme? Se dit l'enfant éberlué.

Il agite ses mains, sans un mot prononcer!

Pourquoi donc se tord-t-il les doigts dans tous les sens?

Il s'étonne... Ce qu'il fait n'a vraiment aucun sens!

Il écarte les doigts comme pour se dégourdir,

puis fait glisser ses mains, et toujours sans mot dire,

l'une sur l'autre, semblant vouloir attraper l'air,

S'arrêtant puis leur faisant faire mille manières...

Mais je crois comprendre! Se dit l'enfant étonné...

Ce pauvre homme a des "tocs" qu'il ne peut empêcher!

Ses doigts se recroquevillent, ses mains se contorsionnent,

ses poignets se tordent, et personne ne s'étonne...

Et puis, il y a cette femme, épiant ses gestes.

Elle n'est pas très gentille, car immobile elle reste,

ne semblant pas avoir pitié de son malheur...

Mais... Voilà qu'à présent la femme rejoint l'homme.

L'enfant n'en revient pas de voir ces deux rêveurs

mêler leurs mains, comme dans un ballet en somme...

L'enfant venait souvent accompagner son père

qui était machiniste dans ce petit théâtre.

Dans les coulisses, il avait vu tant de mystères...

Plus rien ne l'étonnait venant de ce théâtre...

Du moins, c'est ce qu'il croyait jusqu'à aujourd'hui...

Au bout d'un certain temps, l'homme amusé sourit,

puis s'adresse à l'enfant demeuré bouche bée.

Que regardes-tu avec cet air étonné?

Tu veux peut-être comprendre ce que je fais?

Mais si tu veux voir, tu n'es pas du bon côté...

Pour l'instant ma femme et moi, échauffons nos doigts.

Nous répétons un numéro d'ombres chinoises.

Ombres chinoises? Répète l'enfant. Mais c'est quoi?

Tu ne sais pas ce que sont les ombres chinoises?

Approche-toi, assied-toi et ne fais aucun bruit.

Te voilà aux premières loges, regarde l'écran.

Et l'enfant voit apparaître la féerie!

Des êtres faits d'ombres se mettent à bouger...

L'enfant ne regarde plus que cet écran blanc,

où se meuvent d'étranges créatures noires...

Il voit des oiseaux, des chiens, des petits poneys...

Faire vivre ces êtres magiques, c'est tout un art!

Se dit l'enfant qui ne regarde plus ni les mains,

ni l'homme et ni la femme qui font bouger ces mains.

Il est comme envoûté par l'image animée,

émerveillé. C'est comme un dessin animé

se dit l'enfant dont le visage s'est éclairé...

Maintenant, il comprend enfin ce qu'il a vu...

Et il n'en revient pas de cet effet rendu.

L'enfant aimerait plus tard faire la même chose.

Tout à l'heure, il a bien observé le monsieur,

il pense qu'en s'entraînant, il peut y arriver.

Il s'imagine adulte, et ça le rend heureux.

Il se voit agiter ses mains en virtuose,

et il invente déjà des jeux à six mains.

Il ressent la joie des spectateurs de demain.

Sa joie est à son comble, et pourtant rien n'est fait...

Il faut convaincre ses parents de son idée!

Mais avant de leur parler, il va s'entraîner,

pour être prêt à toute éventualité,

et pour leur prouver qu'il sait vraiment ce qu'il veut:

Plus tard, il racontera des histoires magiques,

qu'il offrira à tous les gens malheureux,

pour les faire rêver dans son monde féerique.