18 octobre 2007
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Je me souviens de mes premières années, que j'ai passé près des digues et des marais. Le coin de mon enfance, un coin de mon bonheur, souvenir nostalgique des jours
heureux.
Je revois notre bande, nous étions une quinzaine. Les plus vieux avaient quinze ans, moi je faisais parti des petits. Mais je ne regrette rien, car j'aimais ce que j'étais et ce que je faisais avec eux. Nous jouions devant la maison.
En ce temps là, les voitures ne venaient pas jusque là. Un sentier tout blanc protégeait notre tranquilité. Des peupliers géants formaient une voûte au-dessus de lui et donnaient de l'ombre à nos jeux d'enfants. Le vent soufflait dans leur feuillage, il accompagnait nos chansons et nos cris.
Comme il faisait beau, comme il faisait chaud. Je ne me souviens plus des jours de pluie...... D'ailleurs, a-t'il jamais plu dans mon paradis ? Mais je me souviens de nos sorties, de nos rondes et du soleil.
Un jour nous décidions de faire la course, le lendemain de jouer au foot ; et nous allions chercher du sable sur la digue pour délimiter le terrain. Je faisais le goal et j'aimais ça, mais je ne me souviens pas si j'arrêtais souvent le ballon, qu'importe, ce n'était qu'un jeu. Parfois, nous partions à la conquête des marais. Nous y jouions à cache-cache, aux cow-boys et aux indiens. Mes frères construisaient de belles cabanes parmi les jeunes arbres qui y poussaient en pagaille.
Un peu plus loin, la terre était cultivée par mon papa et d'autres ouvriers qui travaillaient à la sucrerie.
Et de l'autre côté, s'étendait un terrain vague, vide et menaçant, laissant échapper de mauvaises odeurs, et dont la terre desséchée craquait et formait par endroit des petites crevasses. Je n'aimais pas rester seule sur cette terre que je croyais ensorcelée, et qui semblait cacher un piège en sable mouvant derrière chaque touffe d'herbe.
Mais la digue nous protégeait. Cette digue qui divisait le marais en plusieurs parties, nous servait de rempart contre tout danger. Le sentier qui continuait bien plus loin après la maison, était bordé par deux ruisseaux, et souvent nous partions en safari, et nous revenions à la maison avec de ravissantes petites grenouilles.
Pendant les grandes vacances nous allions arracher les mauvaises herbes et ramasser les pommes de terre nouvelles. Moi j'en profitais pour jouer avec les vers de terre, les cafards et les coccinelles. Je collectionnais les escargots, sans penser un seul instant que je leur faisais du mal en les empilant dans des boites à conserves.
Chaque matin, le boulanger s'aventurait avec sa camionnette jusque chez nous, mais n'allait pas plus loin, car le chemin devenait trop étroit. Alors nous prenions le pain pour un vieux monsieur qui habitait plus loin, et nous lui apportions.
Oui, il faisait bon vivre chez nous. Mais je n'étais alors qu'une enfant et je ne pensais pas qu'un jour tout ça changerait. En dévalant la petite pente qu'offrait la digue, et en sautant par dessus le fossé, j'ignorais que je quitterais ce monde d'insouciance dans lequel je vivais.
J'ai grandi, et j'ai quitté mon royaume...Mon royaume déchu, mon royaume défiguré...Décadence d'un empire, de mon empire...
Un paysage défiguré par la nouvelle route goudronnée. Plus de sentier sinueux, d'arbres ni de fossés.
Les digues ont reculé, les marais ont diminué, vaincus par les bulldozers. Il n'y a plus qu'une route rectiligne qui sert de raccourci aux automobilistes pressés, et derrière la digue, une terre désolée et dénuée de sens.
Que peuvent y trouver ces petits enfants qui ont pris notre place ? Qu'est devenu notre petit coin de campagne ? La maison du vieux monsieur, qui est maintenant décédé, demeure obstinément debout. Mais ses murs sont lézardés, ses carreaux brisés et son toit effondré. Et mon coeur se serre en découvrant ce spectacle désolant.
Mais dans ce lieu abandonné par l'homme, j'y ai découvert une petite grenouille verte, et je suis repartie chez moi en pensant que tout n'était pas fini, puisque les animaux, joie de mon enfance,s'y prélassent encore.

Je revois notre bande, nous étions une quinzaine. Les plus vieux avaient quinze ans, moi je faisais parti des petits. Mais je ne regrette rien, car j'aimais ce que j'étais et ce que je faisais avec eux. Nous jouions devant la maison.
En ce temps là, les voitures ne venaient pas jusque là. Un sentier tout blanc protégeait notre tranquilité. Des peupliers géants formaient une voûte au-dessus de lui et donnaient de l'ombre à nos jeux d'enfants. Le vent soufflait dans leur feuillage, il accompagnait nos chansons et nos cris.
Comme il faisait beau, comme il faisait chaud. Je ne me souviens plus des jours de pluie...... D'ailleurs, a-t'il jamais plu dans mon paradis ? Mais je me souviens de nos sorties, de nos rondes et du soleil.
Un jour nous décidions de faire la course, le lendemain de jouer au foot ; et nous allions chercher du sable sur la digue pour délimiter le terrain. Je faisais le goal et j'aimais ça, mais je ne me souviens pas si j'arrêtais souvent le ballon, qu'importe, ce n'était qu'un jeu. Parfois, nous partions à la conquête des marais. Nous y jouions à cache-cache, aux cow-boys et aux indiens. Mes frères construisaient de belles cabanes parmi les jeunes arbres qui y poussaient en pagaille.
Un peu plus loin, la terre était cultivée par mon papa et d'autres ouvriers qui travaillaient à la sucrerie.
Et de l'autre côté, s'étendait un terrain vague, vide et menaçant, laissant échapper de mauvaises odeurs, et dont la terre desséchée craquait et formait par endroit des petites crevasses. Je n'aimais pas rester seule sur cette terre que je croyais ensorcelée, et qui semblait cacher un piège en sable mouvant derrière chaque touffe d'herbe.
Mais la digue nous protégeait. Cette digue qui divisait le marais en plusieurs parties, nous servait de rempart contre tout danger. Le sentier qui continuait bien plus loin après la maison, était bordé par deux ruisseaux, et souvent nous partions en safari, et nous revenions à la maison avec de ravissantes petites grenouilles.
Pendant les grandes vacances nous allions arracher les mauvaises herbes et ramasser les pommes de terre nouvelles. Moi j'en profitais pour jouer avec les vers de terre, les cafards et les coccinelles. Je collectionnais les escargots, sans penser un seul instant que je leur faisais du mal en les empilant dans des boites à conserves.
Chaque matin, le boulanger s'aventurait avec sa camionnette jusque chez nous, mais n'allait pas plus loin, car le chemin devenait trop étroit. Alors nous prenions le pain pour un vieux monsieur qui habitait plus loin, et nous lui apportions.
Oui, il faisait bon vivre chez nous. Mais je n'étais alors qu'une enfant et je ne pensais pas qu'un jour tout ça changerait. En dévalant la petite pente qu'offrait la digue, et en sautant par dessus le fossé, j'ignorais que je quitterais ce monde d'insouciance dans lequel je vivais.
J'ai grandi, et j'ai quitté mon royaume...Mon royaume déchu, mon royaume défiguré...Décadence d'un empire, de mon empire...
Un paysage défiguré par la nouvelle route goudronnée. Plus de sentier sinueux, d'arbres ni de fossés.
Les digues ont reculé, les marais ont diminué, vaincus par les bulldozers. Il n'y a plus qu'une route rectiligne qui sert de raccourci aux automobilistes pressés, et derrière la digue, une terre désolée et dénuée de sens.
Que peuvent y trouver ces petits enfants qui ont pris notre place ? Qu'est devenu notre petit coin de campagne ? La maison du vieux monsieur, qui est maintenant décédé, demeure obstinément debout. Mais ses murs sont lézardés, ses carreaux brisés et son toit effondré. Et mon coeur se serre en découvrant ce spectacle désolant.
Mais dans ce lieu abandonné par l'homme, j'y ai découvert une petite grenouille verte, et je suis repartie chez moi en pensant que tout n'était pas fini, puisque les animaux, joie de mon enfance,s'y prélassent encore.
